Serge Vincent fils de René Vincent et petit fils d'Alphonse Vincent m'a remis un témoignage, avec l'accord de son frère Jamy et de sa soeur Claudine, sur la vie de son Grand Père et sur son Grand Oncle.

Petite précision apportée par Serge : J'ai oublié de préciser que c'est grâce à des documents précieusement conservés par Geneviève, épouse de Gilbert, et donc petite fille par alliance que j'ai pu faire un petit résumé sur les évènements tragiques relatés ci-après.

Je vous confie ce récit accompagné de deux lettres très poignantes, pleines de conviction et de confiance.

LA GRANDE GUERRE

		       Une page d’histoire du Girmont.

A Alphonse VINCENT, Mort pour la France le 31 octobre 1918 (et hommage à tous ceux, qui, comme lui, sont morts pour la France.)

Alphonse et Joseph

	Hommage à NOTRE Grand Père HEROS DE LA GUERRE 14/18.

Nous nous apprêtons à commémorer le 90 ème anniversaire de l’Armistice de 1918 qui mettait fin à ce terrible conflit au cours duquel tant de nos soldats ont laissé leur vie et qui a engendré tant de malheur, tant de misère, tant de désarroi dans les Familles et les populations.

C’est aussi le 90 ème anniversaire de la mort de notre Grand Père à quelques jours de la fin des hostilités. Mortellement blessé le 30 octobre 1918 sur le front de l’Aisne durant les derniers assauts contre l’ennemi, il est décédé des suites de ses blessures le 31 octobre 1918. Les honneurs qui ont été rendus à notre Grand Père, à l’église du Girmont attestent du parcours et des souffrances physiques et morales qu’il a du subir tout comme celles endurées par ces hommes et camarades enrôlés dans ce conflit mondial.

Adjudant au 14 ème bataillon de chasseurs alpins, mobilisé au premier jour de l’appel de la patrie en danger, il combattit pendant toute la durée du conflit.

Blessé une première fois au Bois de Bouvigny dans l’Aisne le 8 mars 1915 il fut aussitôt guéri et il participa aux actions de Lorraine d’août 1915 à juin 1916. Il participa ensuite à la terrible bataille de Verdun.

Il connu les sanglants combats du Chemin des Dames où sa conduite lui valut cette élogieuse citation à l’ordre du régiment « Chef de section de tout premier ordre, a fait preuve, en toutes circonstances de brillantes qualités militaires. S’est particulièrement distingué pendant la période du 2 au 8 août 1917, a été très indisposé par les gaz fumigènes à action dans un abri de pièce ».

Il fut ensuite envoyé aux premiers renforts en Italie et revint en France pour les dures actions de Champagne. Il y fut blessé une seconde fois.

Après un séjour à l’hôpital et une convalescence de 15 jours, il rejoignit son bataillon aux prises avec l’ennemi dans l’Aisne. C’est là qu’il fut mortellement blessé le 30 octobre 1918 aux environs de Guise. Transporté à l’ambulance de Cugny, il y mourut le lendemain, veille de la Toussaint.

La magnifique citation à l’ordre de la Division fait éloquemment ressortir sa glorieuse conduite « Le 30 octobre 1918, a poussé audacieusement en avant sa section de chasseurs pour appuyer, au plus près, la marche des tirailleurs. A été mortellement blessé »

Cher Grand Père, nous admirons votre sublime courage et pensons à ce que vous avez vécu, les souffrances, le froid, la boue, le fracas des bombes, les corps à corps, et la peur, bien entendu.

Nous associons à ces pensées tragiques le souvenir de votre jeune frère Joseph né le 19 novembre 1894 sergent au 4e Régiment de Cuirassiers, mortellement blessé dans la nuit du 8 au 9 novembre 1916, décédé le 15 novembre 1916. Il n’avait que 22 ans. La lettre qu’il a dictée sur son lit d’hôpital montre le courage et la foi en Dieu dont il a fait preuve, dans la souffrance, lors de ses derniers instants.

(Le 11 novembre 1916, Chers parents, J'ai été blessé la nuit du 8 au 9. Le médecin dit je n'étais pas en danger. Par précaution, je me suis confessé. J'ai reçu l'extrême onction et par deux fois, j'ai reçu le Bon Dieu. La nature de ma blessure est assez grave. J'ai reçu un scalpel dans la colonne vertébrale. Je suis hospitalisé à l'Hôpital 32 Zone des Armées, donc impossible de venir me voir. Je vous quitte bien courageux, soutenu par la grâce du Bon Dieu. Je vous embrasse tous bien fort et vous aime de tout mon coeur. Joseph Vincent. PS : Je me permets d'ajouter à la dictée de votre fils. Je me suis intéressé à lui, en qualité de prêtre infirmier. Sa piété m'a beaucoup touché, et c'est avec bonheur que je lui prodigue mes soins et mes consolations. Son état est grave, il le sait bien lui même, et entrevoit la possibilité d'un dénouement fatal. Il faut toujours espérer, Dieu est le maître de la vie et de la mort, selon les desseins de sa miséricorde. Vraiment votre fils est bien préparé à paraître devant le Bon Dieu, et pour lui, le sacrifice de quitter la terre, pour le ciel, ne parait pas grand. J'ai tenu, malgré mes travaux de tous les instants, à vous donner ces quelques renseignements. Croyez en mon entier dévouement.)

Les quatre frères VINCENT-de gauche à droite - Auguste, maire du Girmont de 1924 à 1944 -Joseph, mort pour la France le 15/11/1916, ---Jules, (Grand Jules) gravement blessé fut également maire du Girmont, et Nicolas Alphonse mort pour la France le 31 octobre 1918.

et copie d’une lettre de notre Grand Père à son frère Joseph quelques jours seulement avant les évènements tragiques relatés ci-dessus.

(Le 21 octobre 1916, Mon cher frère, Par une lettre de Louise, j'ai appris ton arrivée de même que celle d'Eugène. Me voilà donc bien dans mes espérances, moi qui, par moment, comptait que nous nous y trouverions ensemble. Si seulement ton tour avait été un peu retardé, ou le mien avancé. Je vais partir dans quelques jours. Je serai très heureux d'aller revoir ma petite famille, ainsi que tous nos parents, mais cela m'embête de passer si près l'un de l'autre, sans pouvoir se voir. J'espère que tu auras passé une bonne permission, et que tu n'auras pas supporté un trop grand cafard du pays. Je ne t'en dis pas plus long pour aujourd'hui, je me garde pour le faire à mon retour, et en te quittant, je t'embrasse affectueusement, Alphonse.

Copie de cette missive à ses Parents, Alphonse et Eugénie VINCENT des Haies Vallées.

Serge Alphonse Vincent, petit fils.

Merci Serge, à Geneviève, et merci à toute votre famille de nous avoir transmis ce récit très émouvant.