Le patois a bercé leurs tendres oreilles, il a fait partie de leur jeunesse, leurs parents se parlaient ainsi, les veillées étaient rythmées d'anecdotes, bien plus croustillantes en patois qu'en français, aujourd'hui, ils forment une équipe de Girmontois et d'Ajolais qui se bat pour préserver cet héritage d'un passé encore relativement proche : il s'agit de l'association "Lâ Patoisant dâ tro R'vères".

Tous les moyens sont bons pour mettre en valeur cette langue aux origines romanes : traduction d'un album de Tintin, réalisation de petits livrets d'histoires locales, chants, implication dans la vie associative locale, et comme ce dimanche, animation d'une messe.

Le patois est alors roi, tout y est traduit, chacun a participé à sa manière à la cérémonie, traduction, chants, lectures, prières, quêtes, mot d'accueil, gestion de la Vidéo, distribution des supports papier, etc. Il n'est pas demandé aux fidèles de chanter en patois, ils le font s'ils le peuvent, sinon ils chantent en français, comme habituellement, ou dans leur patois à eux, pour ceux qui sont venus d'autres vallées.

L'Esprit de Pentecôte régnait sous les belles voutes en formes d'ogives.

Jean Leyval, le prêtre de service, né lui aussi dans le patois, officie en français, car, comme il l'a précisé (en patois), il le connait encore un peu, mais serait incapable de le parler, et ce n'est pas à son âge qu'il va s'y remettre ! Le déroulement de la cérémonie était commenté sur écran, avec affichage patois et français, et illustrations appropriées.

Vidéo Info Vosges est venue filmer l'événement, celui-ci sera sur un site internet courant novembre.

Le patois étant une tradition, les patoisants ne manquent jamais d'inviter chaque année Pierre Duval et ses Marie pour la note musicale apportée par l'épinette, une autre tradition à laquelle ils sont très attachés. Malheureusement, cette année, pour raison de santé, Marie Odile Bomont n'a pu tenir sa place. Tous ont eu une pensée pour elle, et lui souhaite une meilleure santé.

L'épinette des Vosges a égrené ses premières notes alors que la foule prenait place dans l'église, puis à l'offertoire, à la communion, et au moment de la sortie. Cet instrument, présent autrefois dans tous les foyers de la région, émet un si joli son, si fin, que l'on pourrait comparer l'interprétation des morceaux, à de la dentelle : magnifique, surtout dans une église où l'acoustique est remarquable.

A l'issue de la cérémonie, lors du vin d'honneur offert et servi sous le préau communal par les patoisants, tous étaient unanimes pour dire combien ils étaient heureux d'avoir assister à un si bel office.

Del Daval, président, remercie tous les bénévoles qui se sont impliqués dans le bon déroulement de cette cérémonie, avant pour la préparation et la décoration, pour servir le pot d'accueil aux patoisants éloignés, l'apéritif à tous les paroissiens, le repas qui a suivi, et pour remettre tout en ordre. Il remercie également l'abbé Leyval de bien vouloir officier lors de cette messe, et tous les paroissiens d'être venus si nombreux.