Il s'agit d'un conte de Fraimbois

Il y avait une fois un homme de Fraimbois qui était au marché de Lunéville et qui voyait de toutes grosses citrouilles, mais il ne savait pas ce que c’était, et il demanda à un Monsieur qui passait :

– Qu’est-ce que c’est de cela, Monsieur ?

Le Monsieur qui le voyait un peu nigaud, lui dit :

– Ce sont des œufs de poulain.

– Comment fait-on pour avoir un poulain avec cela ?

Le Monsieur lui dit :

– On prend un œuf, on le fait couver six semaines par une vieille femme, et puis il sort un petit poulain.

L’homme de Fraimbois songea en lui-même : voilà bien mon affaire, nous avons chez nous ma vieille belle-mère qui ne fait plus rien, nous la mettrons à couver.

Puis il marchanda une citrouille qu’on lui laissa pour un petit écu.

Il était bien joyeux en rapportant sa citrouille et il dit à sa femme :

– Nous allons mettre à couver ta mère qui demeure assise toute la journée et qui ne fait plus rien que de gronder, puis nous aurons avec cela un beau petit poulain.

Voilà la vieille femme qui couve, qui couve toute la journée et encore la nuit. Au bout de six semaines, il n’y avait encore point de poulain. Ils attendaient toujours, et la vieille femme couva encore quatre semaines. Puis après, l’homme dit à sa femme :

– Ta mère est une mauvaise couveuse ou bien nous sommes tombés sur un mauvais œuf.

Le voilà qui prend la citrouille et qui va la jeter dans une haie. Mais il y avait un levraut dans la haie, qui se sauva. L’homme, quand il vit cette petite bête qui se sauvait, dit :

– Oh, voilà mon poulain qui fiche le camp ! Quelle mauvaise chance ! Puis il cria tant qu’il pouvait :

– Chouri ! Chouri ! Venez petit !

Mais le levraut ne revint pas.

Conte extrait de Patois Lorrains de Lucien Adam, Conseiller à la Cour d’Appel de Nancy, 1881.

Traduction du patois d’Einville dans le Lunévillois.