Conte N° 67

Il faisait cette année là, un triste temps. Les gens n'avaient pas pu enjaveler, tellement il pleuvait. Les vignes étaient moches et les raisins demeuraient aussi verts que le derrière de la malchance.

On pataugeait dans la boue depuis 3 mois, il pleuvait, il pleuvait toujours.

Comme tous les gens étaient las du temps là, de voir leurs récoltes pourries et de ne pas pouvoir aller aux pommes de terre sans traîner le paquet de boue à leurs semelles, ont envoyé une délégation de 3 cultivateurs à Nancy pour aller dire des prières devant la statue de Saint-Sigisbert qui a les mêmes fonctions qu'il parait, au paradis, que Saint Médard qui fait la pluie ou le soleil comme il veut.

Voilà nos trois cultivateurs partis à Nancy pour demander à Saint Sigisbert de ne pas laisser les pauvres enfants de Fraimbois et de ramener le beau temps.

En passant dans une rue de Nancy, ils s'arrêtent et entre chez le marchand de chapeaux. C'était le borné d'Eugène qui voulait acheter une casquette pour son petit dernier.

Tout d'un coup sur la devanture de la boutique du marchand de chapeau, le grand Jules voit écrit en grosses lettres jaunes "Beautemps" 'C'était le nom du marchand, je vous explique cela, des fois que vous ne compreniez pas...)

"-Ce n'est pas la peine d'aller voir Saint Sigisbert pour nous ramener le beau temps, puisqu'il est là !" "Je vais l'acheter et le ramener à Fraimbois"

"-Combien vendez-vous le beau temps ?" que dit mon bon grand double bougre de Jules au marchand de chapeaux !

"- Monsieur le beau temps, c'est moi !" que lui répondit le marchand.

"- Eh bien si c'est vous, je vous ramène à Fraimbois !"

Vous vous doutez bien que M. Beautemps a préféré continuer à vendre des casquettes et des chapeaux.

Mais depuis là, les habitants de Fraimbois lui en ont toujours voulu. Ils aiment mieux mettre les hauts-de-forme de leurs grands pères avant la révolution, plutôt que de lui acheter un chapeau.

Ah ça ! quand les gens de Fraimbois ont quelques choses dans la tête, ils ne l'ont pas au derrière !

Comment ? qu'est ce que vous dites ? Que ce n'est pas vrai ? Si que c'est vrai, que je vous dis, bougre de bornés !