Le Tholy

Les gens du Tholy ont été, de tout temps, batailleurs en diable. Pour un rien, ils prennent la mouche et se retroussent les manches. Il n'est belle fête pour eux, foire ou marché, qui compte s'ils n'en rapportent plaie ou bosse. Mais aussi, pour un coup reçu, combien ils en distribuent de douzaines ! Il est sage de ne pas se frotter à de pareils enragés, même quand il sont pris de boisson à tomber sous les tables.

C'est pourtant ce que firent des écervelés de Saint-Amé, un jour qu'une dizaine de leurs voisins étaient venus leur rendre visite.

Mal en prit aux assaillants, bien qu'ils fussent deux fois plus nombreux. Le premier choc eut beau être rude, les gars du Tholy se retrouvèrent vite. Terrassés par surprise, ils se relevèrent terribles.

Il y eu ce jour là une belle bataille : des fronts meurtris, des yeux pochés, des dents cassées, surtout des vêtements mis en pièces. La victoire, comme toujours, resta aux combattants du Tholy.

En un instant, ils eurent nettoyé la place, mais ne manquèrent pas de générosité : ils offrirent aux vaincus une tournée de brand'vin à l'auberge voisine.

Et les femmes de Saint Amé s'écrièrent : "è lè bouène houre, è sont ca francs". Depuis ce jour là, les habitants du Tholy furent appelés ca-francs, dénomination qui leur est restée.

A suivre