Tout d'abord confinée, la société de Chasse communale de notre village a bénéficié d'une dérogation préfectorale afin de lutter contre les dégâts agricoles causés par les sangliers, et le grand gibier en général.

Jean Paul Petitjean, depuis 1992, est président de cette société de chasse qui compte 14 membres, dont 3 garde-chasse et 2 piégeurs. La tranche d'âge varie de 25 ans à 80 ans. Personnellement Jean-Paul dispose de 5 chiens pour soutenir les rabatteurs : 1 bleu de Gascogne, 3 griffons Nivernais et 1 teckel. Chaque jour, ils mangent des légumes et des croquettes, et les veilles de chasses des féculents.

Réguler le gibier sur quelle base ?

Nous procédons à un comptage du gibier, 2 fois par an, en réalisant toujours aux mêmes heures, le même circuit. Cela représente environ 100 km faits en nocturne de 19 h à 2 h du matin. Nous comptons tout ce que nous voyons. Nous communiquons ces chiffres à la Fédération départementale de chasse et au Groupement d'Intéret Cynégétique du Massif 6. (Le Val d'Ajol, Girmont-Val-d'Ajol et Remiremont) Cela permet d'établir un plan de chasse qui est variable chaque année. Il est fixé fin mai, le préfet reste maître de ce plan de tir. Au Girmont nous intervenons sur un territoire de 1600 ha.

Notre plan de tir pour cette année, nous autorisait à prélever 24 chevreuils et 6 sangliers. Compte tenu de la situation actuelle (nombreux dégâts) la fédération nous a offert 3 bracelets supplémentaires pour les sangliers, sinon c'est notre société de chasse qui paie les bracelets. Aujourd'hui, nous avons déjà prélevé 7 chevreuils et 3 sangliers dont un de 109 kg (Sauceley), un de 80 kg et un de 40 kg (la Racine).

Quelles conditions faut-il remplir pour être chasseur ?

Pour être chasseur, il faut résider dans la commune, ou être propriétaire de 5 ha, ou encore avoir un lien de filiation avec un chasseur local, être titulaire d'un permis de chasser validé (théorie et pratique), s'être acquitté d'une assurance spécifique, et être adhérent à notre société. Je ne parle pas du matériel : fusil, cartouche, matériel et vêtement, mais cela représente au moins un budget de 350 à 400 €.

Que pensez-vous de tous les dégâts que nous constatons cette année ?

Cédric, le fils de Jean Paul qui est lui aussi très connaisseur en matière de réglementation et environnement, pense que :

Le climat joue un grand rôle, les hivers ne sont pas froids, il y a beaucoup de fruits forestiers, les animaux sont bien nourris, les portées (7 à 8 jeunes) sont meilleures, les cultures sont sûrement différentes.

Si les sangliers ou blaireaux se plaisent à retourner les pelouses et prairies, c'est vraisemblablement parce qu'elles sont infestées de vers blancs : c'est riche en protéines.

Il est conseillé de clôturer les cultures, plus spécialement les pommes de terre et le maïs, le gibier est sensible à l'électricité, il la détecte à distance. Les propriétaires terriens victime de dégâts doivent en faire la déclaration à la fédération. L'an dernier, au niveau départemental, notre fédération à indemnisé à hauteur de 2 000 000 € les dégâts déclarés.

Quelles sont les dates où vous êtes autorisés à chasser ?

On peut chasser à l’affût en bordure des champs de maïs, et de mi septembre à fin février en battue. Nous avons le droit de chasser 2 jours par semaine et les jours fériés. Pour nous, nous avons opté pour le samedi et le dimanche. Nous matérialisons les espaces où nous chassons. Il est peut être bon de rappeler que toute personne qui enlève un de ces panneaux est passible d'une amende. Il est beaucoup plus facile de chasser le chevreuil (très sédentaire) que le sanglier qui peut faire une cinquantaine de km d'un jour à l'autre, et c'est un animal qui ne sort généralement que la nuit.

Nous sommes heureux de participer à l'équilibre de la nature à travers un loisir qui est tout de même assez onéreux. Cependant, nous ne perdons pas de vue toute la réglementation qui s'impose à notre mission et qui nous est rappelée avant chaque départ en chasse.

Nous rappelons également à tous ceux qui organisent une manifestation en forêt de prendre contact avec nous afin que nous adaptions notre espace de chasse, nous sommes très conciliants.

Suite au confinement, nous avions été privé de chasse, mais avec le soutien de la fédération, et devant la grogne des chasseurs, le préfet nous a accordé de pouvoir de nouveau chasser, afin de réguler tout ce qui est faune sauvage. Par ici, il n'y pas beaucoup de cerfs pour l'instant.