Hommage à Alain Heyraud, né le 16 juin 1896 à Reims fils de Tell Stephan Heyraud d’origine suisse et de Marie Geneviève Houillon de Méreille.

Déclaration de guerre :

Au premier son de tambour, de clairon, ou des cloches le 1er août 1914 tous répondent comme un seul homme. Ils se sont levés, tous les gars de France depuis les jeunes recrues encore imberbes, jusqu’aux hommes en passe de devenir grand-père. Depuis le célibataire laissant ses blés mûrs qui n’attendaient plus que le moissonneur jusqu’au prêtre, qui abandonnera et son église et ses fidèles à qui il vivait par vocation, prêchait la paix.

Élevé depuis sa naissance par ses grands-parents maternels situés à Corfaing, Alain Heyraud est incorporé le 9 avril 1915 au 152ème R.I situé à Gérardmer.

Son incorporation :

Son baptême du feu aura lieu à l’Hartmannswillerkopf, où le 152ème R.I. est engagé depuis janvier 1915, français et allemands accrochés aux pentes du fameux rocher se disputent la possession de la crête, depuis de longs mois, la lutte se poursuit ardente et sans merci, française un jour, allemande le lendemain, la crête la plupart du temps, n’est à personne. Aucun des deux adversaires n’a encore réussi à s’y implanter solidement : aucun surtout n’est parvenu à la dépasser.

Le 21 décembre, Alain Heyraud et son régiment lancent une offensive, ils atteignent la crête, victoire de courte durée,. Le 22 décembre les allemands mettent à nouveau le pied sur la crête de l’Hartmannwillerskopff, une nouvelle contre-attaque française permet au régiment de passer au-delà de la crête et de descendre vers l’Alsace. Le bilan de ces deux journées est terrible, 48 officiers et 1950 hommes manquent à l’appel.

Paul Babel du Rondé qui faisait partie du même régiment a également participé à cette bataille

En ce début d’année 1916 un autre front s’est allumé : Verdun.

Autre affectation :

Alain Heyraud sera affecté au 170éme régiment d’Infanterie le 12 mai 1916.

Appelé à prendre part aux grandes batailles de Picardie, le 170e R.I. occupe le 11 août le secteur entre la route de Curlu à Cléry et la Somme. Le 12, le régiment reçoit l’ordre d’attaquer les 2 lignes de tranchées allemandes et de conquérir, comme objectif définitif, la tranchée Heilbronn.

Le signal d’attaquer est donné et l’élan général est admirable. L’ennemi résiste mais rien n’arrête la vague d’assaut. A 17 h 30, après un corps à corps furieux, l’objectif est atteint. En 15 minutes le régiment avait franchi les 900 mètres qui le séparaient de son objectif, faisant 250 prisonniers valides, dont 4 officiers.

Le 12 septembre, dans ce même secteur, le 170e régiment d’infanterie est chargé de s’emparer de la tranchée des Berlingots et la tranchée de Van. A l’heure H les troupes se lancent à l’assaut avec une ardeur accrue par l’impatience de longues journées passées sous le bombardement. Malgré les tirs de barrage de l’artillerie ennemie l’objectif est atteint en quelques minutes ; les allemands laissent entre nos mains 150 prisonniers.

Mérite de la Fourragère :

La superbe conduite du régiment pendant ces attaques fut si éclatante qu’elle mérita la Fourragère avec cette 2ème citation à l’ordre de l’Armée.

Ordre général N° 399 du 9 octobre 1916, VI éme Armée

Le 12 août 1916, ce régiment, sous les ordres du colonel Lavigne Delville, a enlevé, en un quart d’heure, sous un tir intense d’artillerie et de mitrailleuses, une ligne de tranchées puissamment organisée, située à 900 mètres de sa base de départ et précédée de nombreux points d’appui dont la conquête exigea des corps à corps furieux ; il y a capturé 250 prisonniers et 4 mitrailleuses. Il, a organisé et conservé le terrain conquis en dépit des retours offensifs et des violents bombardements de l’ennemi.

Signé Fayolle

Nouvelle affectation :

Après une période de repos, pendant laquelle le régiment procède à sa reconstitution, Alain Heyraud s’embarque en chemin de fer à destination de Château Thierry, où il arrive le 13 avril.

C’est dans ce secteur que le régiment attaque le 4 mai. Les vagues d’assaut progressent rapidement, mais les pertes sont sérieuses ; l’ennemi contre-attaque en masse, appuyé par des tirs d’artillerie violents, l’avance devient impossible. Le 170e a néanmoins conquis du terrain et fait 186 prisonniers.

Ce jour du 4 mai 1917 le soldat Alain Heyraud sera porté disparu comme 59 de ses camarades.

Mourir, le corps déchiqueté par la mitraille d’un obus, mourir, le cœur ou la tête transpercé par une balle, mourir, asphyxié par des gaz homicides, mourir, sans avoir le temps d’envoyer à ceux que l’on aime une dernière pensée, un suprême adieu, mourir, après des heures et des heures d’une agonie profonde dans des souffrances physiques et morales indicibles, mourir, à la fleur de la jeunesse à qui l’avenir s’ouvrait en souriant...

Porté disparu, le décès d’Alain Heyraud sera officialisé par jugement le 14 octobre 1921 par le tribunal de Paris.

Une mère pleure l’enfant que la mort lui a ravi avant l’âge.

La patrie a voulu retrouver et honorer les corps de tous les généreux défenseurs ; Hélas ! beaucoup ne dormiront pas leur dernier sommeil dans le cimetière où reposent leurs pères. C’est tout quitter ici-bas, et c’est mourir souvent sans être sûr que sera sauvé le pays pour lequel on offre sa vie ; Et pourtant, nul n’hésite au premier coup de la cloche sonnant le tocsin.

Chaque jour apportait des nouvelles alarmantes. Chaque semaine relatait des combats acharnés, depuis les montagnes des Vosges jusqu’aux rives du Pas de Calais, depuis les forts de Verdun jusqu’aux plaine de la Picardie. Chaque lettre annonçait des hécatombes de glorieuses victoires.

Les uns ont retrouvé, soit leur foyer, leurs biens, leur famille, ou soit leur santé, des autres ont pleuré sur des ruines, beaucoup porteront sur leur corps les cicatrices de leurs glorieuses blessures, presque tous se rappelleront toujours des privations et des souffrances endurées durant ses longues années.

Qu’ils lèguent ce dévouement à leurs enfants afin que d’âge en âge se transmette le souvenir de nos frères d’armes morts au champ d’honneur pour la France.

Gloire à ceux qui sont morts pour elle.