Notre village a été libéré le 20 septembre 1944. J’ai recueilli plusieurs témoignages, je les partage avec vous.

Léonce Simon, née André, née le 16 octobre 1939

Papa était revenu depuis les années 1941/42. Il me disait « viens ma petite fille, viens ma petite fille », mais je ne le connaissais pas. Nous habitions avec la famille André au Moulin Picard (aujourd’hui, chez Jean Marie Manens). Durant plusieurs jours, nous avons couché dans les 2 caves voûtées, papa avait fait un plancher dans celle du bas qui avait une source pour la traverser. Un avion s’est écrasé au nord de l’étang de la Molière. Par la suite, Papa a récupéré les obus, il en a fait des bouillottes qui nous ont suivis jusque Corfaing.

Je n’étais pas contente de voir les américains manger nos poires et nos prunes…

Ils s’étaient assis sur les marches d’escalier. Un américain m’a prise dans ses bras, il m’a serrée très fort et m’a donné un carré de chocolat. De chez nous, on regardait les soldats allemands descendre, les mains derrière la tête, il y en avait beaucoup, mais papa nous a fait rentrer d’une belle vitesse.

Milou Houillon, née Perrin, née le 2 novembre 1940

Une bombe est tombée qu pied du poirier (poires pour les « rémâs, pains de poires) de chez nous (Marcel Perrin), les poules ont été tuées, les carreaux ont volés en éclats, il y avait même des plumes sur le buffet de la cuisine. Nous avons été témoins de l’arrestation de Marcel Daval en dessous de chez nous.

Suzanne Remy née Perrin, née le 24 mai 1935

Des allemands étaient basés aux Passées. Les américains venus par la route de Clairegoutte, ont cherché à les atteindre, pensant qu’ils étaient dans la ferme Couval, mais en tirant en direction de la ferme, ils l’ont incendiée. Mon oncle Albert Mathiot et ma tante Lucie qui habitaient à la Combernatte avaient pris chacun une houe et un crochet, comme s'ils allaient travailler au champs afin d'aller en reconnaissance sur cette libération annoncée. Les américains leur ont demandé de rentrer chez eux.

Les américains sont passés par Faymont, puis, depuis chez Délo Petitjean, par le chemin boueux des Champs Viaux.

Les avions se déchargeaient de leur munitions, un s’est déchargé à la Blanche Croix et un autre près de chez Didier au Dropt, au coin de la pâture. Les soldats allemands morts au moment de la libération, ont été enterrés au fond du cimetière.

Petite anecdote qui revient régulièrement dans les conversations :

Quand Papa, qui s’était caché plusieurs jours en forêt, est rentré, il disait «  I t’aû lé preumeye, René dé Fafrette étâ dévant mi », comprenez, j’étais le premier, René André était devant moi. A la libération, Maurice Couval qui venait voir les filles chez nous (Odile Perrin), n’a pas pu rentrer chez lui. Après la libération, les FFI ont couché chez nous, il y en avait un peu dans toutes les fermes. Ils sont même allés à la messe de mariage, le 21 octobre 1944, d’Odile Perrin et de Maurice Couval.

Pierrot Remy né 14 mars 1940 Les Picard (Arnould) sont venus coucher chez nous dans notre cave, car chez eux, il n’y avait pas de cave voûtée. Un obus est tombé près du poirier « Ogolaire »

Pendant et après la guerre

Léonce Simon :

Pendant la guerre, on suivait les info grâce à un poste à galène fait par André Balandier, on le cachait dans la niche au poêle derrière le fourneau. « Les français parlent au français », ça grésillait, ça ne fonctionnait pas très bien, c’était un poste de chez Regué. Ma tante, Cécile André avait fait 2 gros drapeaux tricolore, elle les sortaient à chaque anniversaire de la libération ou au moment de l’anniversaire de l’armistice de 1918. Notre « Grosse grand-mère » pleurait toutes les larmes de son corps lorsque les cloches ont sonné en volée.

Pierrot Remy :

Louis, mon oncle et Léon Arnould, pieds nus, sont allés pour sonner ces cloches.

Milou Houillon :

En 1940, Alain Houillon, Marcel Perrin ont récupéré des cartouches sur les hauts de Corfaing, ils les ont mis dans un founé. Paul Richard (bouô-niqué) est passé par là, il a allumé sa cigarette au founé, 5 minutes après, cela explosait, faisant valser les pommes de terre qui cuisaient sur le fourneau à côté, sous la fontaine. Le fils de Poulet : Pierrot Deschaseaux était en vacances au Girmont, Caché dans un véhicule militaire, il s’est retrouvé embarqué jusqu’au Val d’Ajol. La vie a repris peu à peu. Les Remiremont venaient au ravitaillement chez Fafrette. Suzanne Remy : Les Faymont venaient au ravitaillement au Dropt (œufs, lait fromage) ils montaient par le Thiébé. La mère Gotro (Chez Bébatte) avait peur de notre chien, elle venait avec des os pour l’amadouer. Les tickets de rationnement ont été longtemps en vigueur, je me souviens qu’on avait droit à 3 tablettes de chocolat par enfant. Maman le ménageait, elle nous le mélangeait dans un bol de lait. Il y avait des tickets pour l’alimentation, le vin, l’habillement…

Simone Manens :

Pendant la guerre, les gens faisaient griller de l’orge pour boire en guise de café.Le marché noir a fonctionné durant plusieurs années. Pour se marier en octobre 1945, Papa a du fournir du lard pour avoir du tissu afin de faire faire son costume de marié. (Roger Manens)

Voilà ce que certains de nos anciens m’ont confié, si vous avez parmi vos ancêtres des personnes qui ont un témoignage à apporter, il sera le bienvenu dans le petit journal.

http://www.girmont.org/ecrire/poster.php?post_id=164 Voici un lien sur ce que j'avais écris, il y a 20 ans, dans le petit journal.

Ces jours-ci, je compléterai avec ce que j'avais écrit le 19 septembre 2004, pour Vosges Matin.

Bonne lecture.