Depuis le 11 novembre 2008, où Serge Vincent avait rendu hommage aux membres de sa famille "Morts pour la France", plus particulièrement à Nicolas Auguste Vincent, son grand oncle décédé en 1916, chaque année, un girmontois est mis à l'honneur. Chaque famille girmontoise, comme dans tous les villages de France, a été cruellement marquée par l'évènement tragique de la guerre 1914/1918, mais aussi par la seconde guerre mondiale de 1939/1944, ou encore lors des combats en Indochine. Certaines familles ont vu plusieurs de leurs enfants tués à la guerre de 14/18. En 2009 Roland Balandier a souligné le parcours de 3 enfants Balandier "Morts pour la France", en 2010, Martial Fleurot évoquera le parcours de son oncle Louis Lambert. En 2011 Martine Mathiot a rendu hommage à son oncle André Arnould, mort des suites d’Indochine.

Depuis 2012, Jean Marie Manens, maire honoraire a chargé Pierre Vincent de pérenniser ce travail de mémoire en retraçant, chaque année, le parcours d'un girmontois.

Pierre a effectivement une culture militaire, il était mécanicien dans l'armée de l'air dans la région Lorraine, ces histoires militaires le passionnent.

En 2012, c'était le lieutenant Bechetoille et le soldat François Perrin, en 2013 le 95e anniversaire de la libération, en 2014,Jean Marie Aubel a retracé la vie de Poilu de son oncle Jules Albert.

Puis en 2015, ce fut Paul Babel, en 2016 Roger Manens, en 2017 Léon Didier, en 2018 le 100e anniversaire de l'armistice,

en 2019 Albert Gury, en 2021 Alain Hérault, en 2022 Edmond Daval, en 2023 Émile Deschaseaux, le 80e anniversaire de la libération et cette année Pierre Nurdin.

Nous avons rencontré Pierre Vincent qui, d'emblée, nous dira, Vous savez, c'est relativement aisé quand on a les renseignements et que les familles coopèrent.

Chaque année, il fait le choix d'une personne, en se diversifiant pour évoquer tous les lieux de combats : les morts pour la France des 2 grandes guerre, les morts d'Indochine, ceux qui sont allés au STO, les prisonniers de guerre...

Lorsque j'ai fait mon choix, je fais des recherches sur Internet pour retrouver l'état civil des parents, les frères et sœurs, et un peu de généalogie pour connaître les descendants.

Ensuite, je consulte "mémoire des hommes" afin d'avoir la fiche de la personne. là, je vais sur les sites d'archives en ligne ou directement à Épinal, je pioche pour essayer de trouver quelques infos.

Pour mes recherches sur le Service du Travail Obligatoire, il m'a fallu aller sur un site en Allemagne, où je me suis orienté vers des villes de séjour. Je dispose d'une documentation personnelle sur les deux guerres mondiales, je me rends aussi à la Médiathèque. Cela fait beaucoup de sources, mais il faut piocher, ce n'est pas toujours concluant, c'est un long travail de tri, de classement et d'attente...

Je consulte également le Service Historique de la Défense à Caen (archives des victimes des conflits contemporains, itinéraire d'une personne, le dossier de Pierre Nurdin se trouvait à Caen) ou à Pau (personnel militaire, éventuelles décorations)

Après cela, je monte mon dossier, je le mets en forme, je sélectionne les faits les plus marquants, le plus dur est de pas me disperser, je reste dans un axe qui intéresse tout le monde. C'est la mairie qui invite les familles.

Le 11 novembre, devant le monument aux morts, je retrace l'histoire de la personne mise à l'honneur devant les membres de sa famille, une génération actuelle qui découvre souvent certains faits marquants, jusque là méconnus. Ce sont des personnes de la familles qui déposent la gerbe. J'arrange une exposition à la mairie en lien avec la personne honorée. Au terme de cette journée, je remets tout mon dossier à la famille qui apprécie beaucoup.

Le travail accompli par Pierre Vincent est très gratifiant pour le village, pour les familles et pour lui aussi. A la fin de notre entretien, il m'a dit, les gens ne regardent plus le monument aux morts de la même façon.

C'est vrai Pierre, un grand merci de la part de toutes les familles, pour qui tu as fait tant de recherches et pour celles qui attendent encore beaucoup de toi, tu fais le lien entre hier et aujourd'hui, entre l'ombre et la lumière.