A l'initiatice de cette rencontre la Maison Familiale Rurale de Ramonchamp, avec à sa tête Dominique Mathieu, responsable en formation technique environnement en agriculture.

Elle aime rassembler, et le thème de l'eau est très fédérateur, nous dira t'elle. Même si on a déjà fait bien des choses dans le sens de cultiver l'eau, pour ce rassemblement, j'ai diversifié mon public, aux élèves de la MFR pour qui "parler de sa filière" fait partie de l'obtention de leur diplôme, se sont joints des personnes de la Petite Montagne du Sud, différents producteurs (plantes médicinales, maraichers, agriculteurs), etc..

Pour le côté financier et l'organisation matérielle, je me suis appuyée sur différents partenaires (Communauté de Communes de la Porte des Hautes Vosges, Bio Grand-Est, Groupement d'agriculteurs bio, petite région Montagne Sud, la MFR de Saulxures sur Moselotte, le Parc des Ballons, le Syndicat Mixte Moselle Amont et Rhin Meuse, Vigotte lab pour l'accueil, le soutien, aide qui organisera les ateliers de l'après-midi aquaponie, découverte du site, atelier participatif sur l'eau, visite d'exploitations (Lopin au levain et cabrioles de Grandrupt))

Voici pèle-mèle quelques informations, constats, suggestions entendus au cours de cette conférence menée de main de maître par Samuel Bonvoisin :

Le grand virage pris par l'agriculture dans les années 1960 a été une véritable marche forcée : mécanisation, alourdissement des engins, remembrement, suppression des haies, des petits cours d'eau, des plantes plus gourmandes en eau, ajoutez-y une consommation plus importante en eau dans les ménages, une urbanisation très conséquente...

Dans le domaine agricole, on retiendra les fortes conséquences sur la perméabilité des sols et le ruissellement.

L'infiltration est une chose mais permettre l'évaporation en est une autre. La rugosité des paysages joue un rôle sur la ventilation de l'air et de son humidité. Les forêts font tomber la pluie, mais l'air se réchauffe plus ou moins vite, la rencontre air froid provoque des turbulences. La création d'un courant ascendant qui emmagasine plus d'humidité renvoie celle ci au sol.

Il y a 100 000 ans en Europe, il y avait prairies, broussailles, paturâges boisés de forêts clairsemées. Savez-vous que chaque goutte de pluie, flocon de neige, grêle renferme un grain de poussière qui représente une forme de vie : virus, spore de champignons, pollen de fleurs et la bactérie pseudomonas syngae.

Si le climat influence le paysage, l'inverse est vrai aussi ! la pluie est liée à la présence ou pas de verdure.

Dans une forêt de chêne ou de pins, avec une symbiose ectomycorhizienne, la perméabilité est différente d'un lieu ou les champignons forment quant à eux une symbiose mycorhizienne plus spongieuse.

Dans les systèmes multi étagés le recyclage de la transpiration des sureaux, lierre, ronces peut permettre de mieux traverser des épisodes de sécheresse et caniculaires. Les résineux transpirent moins que les feuillus !

Retenons : le vivant ne favorise pas la performance (efficience, sobriété, résilience, agilité mais la robustesse) mais la robustesse (diversité, lenteur, redondance). Il faut mettre en place des choses à l'envers de la performance pour aller vers la robustesse avec l'hydrologie régénérative.

Il y a un gros travail a faire entre le sale et le propre ! Régénérer les cycles de l'eau douce en stockant l'eau dans les paysages et en favorisant le renvoi vers l'athmosphère. Passer du territoire entonnoir (drainant) au paysage éponge, valoriser l'herbe, travailler sur 3 aspects : eau, sol, arbres, cultiver en suivant les courbes de niveau, maintenir les baissières pour ralentir, favoriser l'infiltration et retenir l'eau.

Prendre le meilleur de l'ancien pour faire le meilleur aujourd'hui, recréer de la sinuosité, les méandres, casser la dynamique des forêts.

Le castor est un guide et un allié ultime pour les rivières, pas de castor, pas de rivières, plus de saumons (par manque d'iode, développement du chrétinisme) : il faut rendre l'eau à la terre.

La gestion de l'eau est un art vertueux, s'approprier les outils d'aujourd'hui pour cette gestion est un art de faire développé progressivement aujourd'hui en France

L'aménagement urbain, la gestion des rivières, et l'aménagement des terres agricoles doivent se faire en harmonie.

Il faut se parler entre générations.