Lors de la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918 et du centième anniversaire de la tombe du soldat inconnu, devant le monument aux morts, un hommage a été rendu à tous les soldats de France et plus particulièrement ceux du Girmont morts pour la France. Ce sont les petits neveux d’Émile Deschaseaux qui ont déposé la gerbe au monument soutenus par Patrick Vincent maire.

Revenons en arrière.

Le 1er août 1914, le tocsin sonne dans tous les villages de France pour annoncer la mobilisation générale.

Émile Deschaseaux de la Houssière (4e d'une famille de 11 enfants) se trouvera être déjà sous les drapeaux comme 880 000 français. Il a 22 ans. Il sera incorporé au 15 e Bataillon de chasseurs à pied, basé à Remiremont, aux côtés de Albert Gury et Louis Jacquot, tous deux également du Girmont.

Je préfère vous laisser lire son parcours retracé, avec beaucoup de soin et de pugnacité, par Pierre Vincent, devant le monument aux morts, lors de ce 11 novembre, c'est peut être long, mais qu'est ce que quelques minutes passées à se souvenir à côté de ceux qui y ont laissé leur vie :

Le 4 août le bataillon franchi la frontière et traverse plusieurs villages, il entre dans Mulhouse le 19 août. Les troupes d’Alsace sont en majeure partie transportées rapidement vers la Marne pour stopper l’avancée allemande.

Le 15ème BCP restera sur le front alsacien, il remonte vers le Nord traverse Guebwiller et Munster, s’établi sur les sommets du Drehkopf et du Langenfeld. La guerre de mouvement est terminée, c’est la guerre de position qui commence.''

Le 24 décembre il reçoit l’ordre d’attaquer sur la ligne Watviller-Uffholz-Cernay, il maintient cette position pendant 4 jours malgré un froid intense, des contre-attaques violentes et des bombardements continus.

Le 25 janvier 1915, les pertes sont très lourdes : 25 tués, 84 blessés et 4 disparus.

Du 13 juin au 02 juillet 1915 le 15ème bataillon lutte avec acharnement, les chasseurs tombent héroïquement, fauchés par des tirs à bout portant. Les attaques des lignes allemandes se font à la baïonnette. A la fin de cette journée on dénombrera 153 tués dont le soldat de 2ème classe Albert Gury du Girmont, 147 blessés et 39 disparus.

Le 2 juillet 1915 le sommet de l’Hilsenfirst est repris au prix d’un énorme sacrifice http://cdn1_3.reseaudescommunes.fr/cities/43/documents/ikseegalwmmywlc.pdf. A la suite de cette opération le 15ème BCP est cité à l’ordre de l’Armée, je cite : Sous le commandement du chef de bataillon Dussauge , s’est battu pendant 5 journées consécutives avec une superbe bravoure allant jusqu’à l’héroïsme. Malgré les grosses pertes subies, a prouvé quelques jours plus tard, en attaquant gaillardement un autre point du front, qu’il conservait l’âme ardente qu’avait su lui donner son chef.

Jusqu’au 19 août, jour de la relève, Les chasseurs du 15ème BCP vont reprendre plusieurs sommets des Vosges au prix de lourdes pertes humaines. Le 12 septembre une tempête qui a duré toute la nuit, inonde les tranchées., démoli les abris des troupes au bivouac, rompt les cordes des chevaux. Les troupes trempées ne peuvent se sécher, ni faire la soupe, la tempête empêchant d’allumer les feux.

Du 20 septembre au 22 décembre 1915, une mission des plus dures et des plus sanglantes, va être confiée en partie au 15ème bataillon, la reprise de l’Hartmannswillerkopf et du sommet du Rehfelsen où le sergent Jacquot Louis du Girmont sera blessé le 16 octobre et décédera le 10 février suite à ses blessures.

Désormais le 15ème va tenir successivement ces positions. Il patrouille sans relâche, monte une garde vigilante sur les crêtes qui lui sont confiées et malgré les luttes à la grenade de chaque jour et les bombardements violents et répétés par torpilles et obus de gros calibre conserve toujours sa bonne humeur et son bon esprit.

Dans la nuit du 26 au 27 juin 1916 le 15ème est relevé de ses positions, franchit l’ancienne frontière et s’achemine par étapes au camp d’Arches. C’est la 1ère fois qu’il quitte l’Alsace où il laisse tant de souvenirs glorieux et tant de ses morts tombés pour la libération de cette belle province.

Le 1er juillet 1916 les troupes franco-anglaises attaques les positions ennemies sur la Somme. C’est là que pendant 3 mois le 15èmè va acquérir de nouveaux titres de gloire.

Le 2 septembre 1916 le caporal Émile Deschaseaux est blessé dans le secteur de Cléry. Il participera aux batailles du Chemin des Dames et de Craonne. Suite à la bataille de Caporetto en Italie, qui est un désastre militaire de la Première Guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne, alliées de l'Italie, envoient des renforts.

Le 4 novembre embarquement du 15ème BCP (Bataillon Chasseurs à Pied) à St Gilles. Débarquement à Rezzato.

Le 8 avril retour en France débarquement à Gournay en Bray. Du 12 au 26 avril 1918, le bataillon stationne dans la région d’Amiens pour parer à une offensive allemande.

Fin mai, le 15èmè est en 1ère ligne dans le secteur compris entre l’étang de Dickebuch et la cote 44. Pendant 3 semaines malgré les difficultés du terrain, sous les rafales d’artillerie de tous calibres, les gaz, le bataillon parvient à organiser un secteur défiant une attaque.

Le 13 juin 1918 le caporal Émile Deschaseaux est grièvement blessé dans le secteur d’Ypres en Belgique. Le 14 juin il sera décoré de la médaille militaire avec cette citation : excellent gradé, d’un courage et d’un dévouement exceptionnels. A montré un véritable mépris du danger en se portant spontanément, sous un violent bombardement, au secours d’un sergent enterré par l’explosion d’un obus. A été grièvement blessé au cours de l’action.

Il avait déjà eu une blessure antérieure, deux citations, attribution de la Croix de guerre avec palme

Transféré à l’hôpital auxiliaire 201 de Bordeaux il décédera le 22 août suite à ses blessures.

Pierre Vincent a terminé en prenant une citation de Otto Von Bismarck :

"Celui qui a plongé son regard dans l’œil vitreux d’un soldat mourant sur un champ de bataille, réfléchira à deux fois avant d’entreprendre une guerre." Pierre Vincent, le Dropt 88340 Girmont Val d’Ajol''

Ce sont les enfants de Germaine Deschaseaux épouse d'André Richard (tous deux décédés), nièce d'Emile, qui ont déposé la gerbe. Émile a encore d'autres membres de sa parenté sur le Val d'Ajol et Faymont.

Merci Pierre, pour cette page d'histoire, certes douloureuse, présentée pour ne pas oublier.